LA LANGUE SARAIKI
Intro
La langue saraiki fait partie du groupe indo aryen de la branche lahnda du groupe indo européen. Comme le pendjabi, c'est l'un des dialectes officiels du Pakistan. On le trouve dans le sud ouest du Pendjab. Bien qu'il ne soit que le 4ème dialecte du Pakistan, 26 millions de personnes le parlent dans cette région.
Comme l'on peut s'en douter, il est dans une large mesure très proche du pendjabi standard et partage avec lui une grande partie de son lexique et de sa syntaxe. Mais sa phonologie est très différente (absence de tons, sons aspirés et consonnes implosives). De plus, sa grammaire a d'importants traits en commun avec la langue sindhi parlée au sud.
Au départ, la langue saraiki désignait le dialecte des immigrants venant du nord. Et surtout les tribus baloutches qui ont migré du 16ème au 19ème siècle.
En fait, elle est très récente car elle apparaît dans les années 1960. D'une part, elle comprend des identités locales antérieures plus étroites. D'autre part, elle est différente d'identités plus larges comme celle du Pendjabi.
Quel futur ?
Les écoles et collèges des niveaux secondaire, moyen et supérieur, enseignent le saraiki. De plus, l'Allama Iqbal Open et l'université d'Al-Khair de Bhimbir proposent des masters et doctorats en saraiki. Par ailleurs, l'Associated Press of Pakistan a lancé une version saraiki de son site web. Enfin, certains médias proposent leurs programmes en saraiki.
Dialectes
Le saraiki comprend diverses langues telles que le multani, le saraiki du sud, du nord, de l'est, le sindhi saraiki ou le thali. La plupart des locuteurs de ce dernier se sentent plus proches du pendjabi que du saraiki.
Les frontières du Pakistan ont souvent changé dans le passé. De même, ses régions sont divisées en districts. Les linguistes décrivent souvent une zone dialectale en fonction des districts. Depuis la fondation du Pakistan en 1947, plusieurs de ces districts ont même été subdivisés.
Sous le pouvoir britannique, les gens le voyaient comme un dialecte du pendjabi. D'ailleurs, il est toujours vu comme tel par de nombreux pendjabis. Mais les saraikis le voient comme une langue à part entière et rejettent l'emploi du terme "dialecte". Dans les années 1960, un mouvement linguistique créa un script et fit la promotion de la langue. En outre, depuis 1981, le pays recense les locuteurs saraikis.
ASPECTS
Consonnes
Les consonnes d'arrêt présentent un quadruple contraste entre les consonnes voisées et non voisées, aspirées et non aspirées. Ceci est typique des dialectes indo-aryens. Ensuite, il y a cinq points de contraste pour les occlusives : vélaire, palatale, rétroflexe, dentaire et bilabiale.
Accents
D'abord, il n'y a pas d'accent. On peut doubler toutes les consonnes, sauf /h j ɳ ɽ/. Ces dernières n'apparaissent qu'après les voyelles accentuées et sont bien moins marquées que dans le reste de la zone pendjabi.
Ensuite, la longueur permet de mettre en évidence une syllabe accentuée. En effet, si la voyelle est périphérique /i ɛ a o u/, on l'allonge. De même, s'il s'agit d'une voyelle centrale (/ɪ ʊ ə/), on double alors la consonne. Normalement, l'accent tombe sur la première syllabe d'un mot. Mais il se place sur la 2ème syllabe d'un mot de deux syllabes en cas de voyelle centrale dans la 1ère syllabe et si la 2ème syllabe contient une diphtongue ou une voyelle périphérique suivie d'une consonne.
Implosive
Enfin, on peut trouver des consonnes implosives avec les séries suivantes /ɓ ᶑ ʄ ɠ/ :
- D'abord, on prononce la "palatale" /ʄ/ plus en avant que les autres palatales.
- Ensuite, on prononce le "rétroflexe" /ᶑ/ avec le bout ou le dessous de la langue, plus en avant dans la bouche que les arrêts rétroflexes simples.
- Puis, on prononce "l'implosive dentaire" (/ɗ̪/) avec la langue qui recouvre entièrement les dents supérieures.
- Enfin, l'aspirée (voilé respiratoire) n'est pas phonémique. Mais elle couvre la syllabe et résulte d'un /h/ sous-jacent qui suit la voyelle.
La langue saraiki emploie l'écriture arabe, dérivée de celle de l'ourdou. À cette dernière, s'ajoutent sept lettres modifiées qui représentent les nouvelles implosives et les nasales. Aussi, les styles d'écriture utilisés sont le Naskh et le Nastaʿlīq.
Autrefois, les commerçants et comptables écrivaient dans une écriture connue sous le nom de kiṛakkī ou laṇḍā, bien que son emploi ait diminué ces derniers temps. De même, le multani est une autre écriture jadis utilisée pour écrire le saraiki.